Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mémoires vives
10 mars 2006

DR. DENISE CASTEL OU LA MEDECINE DE BROUSSE EN AFRIQUE

« J’y suis allée pour trois mois et j’y suis restée presque 30 ans !»

Médecin généraliste, partie en Algérie en 1959 pours remplacer une Soeur Blanche, qui avait contracté la tuberculose, à l’un des hôpitaux Sainte Eugénie à Michelet.

Son remplacement devait durer 3 mois, mais après cette période les Soeurs Blanches n’avaient pas trouvé d’autre remplaçant, et de ce fait elle était restée à ce poste jusqu’en 1965.

Après ses études de médecine à Paris, Mme CASTEL était encore externe à l’hôpital Beaujon quand on lui a proposé ce remplacement. Elle n’a pas eu le temps de choisir sa spécialité, quand par la pratique et la nécessité du terrain elle s’est trouvée orientée en Pédiatrie et généralement en puériculture. Et ainsi elle a pratiqué cette spécialité aussi en Mauritanie au Niger et au Sénégal, jusqu’à sa retraite en 1986.

Pour toute sa carrière, elle tient à rendre hommage aux sœurs Blanches qui lui avaient appris les fondements de la médecine de brousse, comme elle tient à le préciser. Une médecine qui compose avec les données du terrain, avec les moyens disponibles sur place, avec les conditions économiques de l’époque et surtout la situation de la guerre d’Algérie.

Malgré toutes les difficultés des circonstances de l’époque et des lieux, elle a gardé de très bons souvenirs en exerçant son métier dans ces contrés, comme elle tient à le préciser : « il y avait beaucoup de travail, les conditions étaient dures, mais on travaillait dans la paix ».

        Mme Castel nous a dit qu’elle n’avait jamais connu de problème relationnel ni avec le personnel local ni avec la population en général : « tout le monde faisait de son mieux pour l’aider à faire son travail, la préoccupation principale était de soigner les enfants malades et les maman enceintes ». Le corps soignant comme elle-même, n’était concerné ni par les troubles politiques ni par les différences de nationalité.

En 1963, à l’indépendance de l’Algérie, les hôpitaux comme les autres institutions (écoles …) de la fondation Sainte Eugénie ont été remis à la nouvelle République. Comme toutes les missions, les Soeurs Blanches comme les Pères Blancs sont rentrés en France, mais Mme Castel avait continué sa mission jusqu’en 1965.

A cette date, Mme Castel était maman de deux petites filles et divorcée avec leur père. Elle était rentrée en France pour un premier essai d’installation en libéral aux environs de Tour, mais malheureusement les circonstances dramatiques qui ont marqué cette expérience lui avaient rendu les conditions de pratiquer plus pénibles qu’elle n’avait imaginé. Le médecin qui lui avait transmit son cabinet s’était suicidé, et ce drame avait suffit pour la persuader que sa vocation était finalement dans la brousse.

Elle repart cette fois en Mauritanie en 1967 dans le cadre de la coopération, et une de ses sœurs l’avait accompagné pour s’occuper des enfants, qui allaient partager pour longtemps son aventure africaine.

Elle a d’abord été postée à Boutilimit (à environs 120 km au Sud Est de Nouakchott), elle se déplaçait avec son personnel médical sur une centaine de km de rayon, elle était le seul médecin de la région. Mais la sécheresse qui décimait le bétail et brûlait les cultures depuis déjà 3 ans, avait aggravé l’état de santé des enfants surtout en bas âge. La petite équipe de Mme Castel travaillait 7 jours sur 7 pour faire face à ce désastre de la nature pendant presque 18 mois. Les enfants mourraient par centaines et la médecine seule ne pouvait plus faire face au fléau des toxicoses.

Les conditions de vivre et de travailler dans les régions désertes du sud devenaient plus en plus difficiles. La sécheresse avait causé un manque considérable d’eau et de nourriture et Mme Castel avait finit par rentrer sur Nouakchott. Elle y avait dirigé une PMI (centre de Protection Maternelle et Infantile) jusqu’en 1973.

Mme Castel avait quitté la Mauritanie pour le Sénégal. Elle n’a pas oublié la vision désolante du paysage qu’elle regardait de l’avion qui l’avait emmené de Nouakchott à Dakar, des carcasses de bétail desséchées partout dans le pays.

A Dakar elle avait également pris en charge une PMI jusqu’en 1979, toujours dans la cadre de la coopération et en succédant aux médecins militaires qui avaient ces postes.

Les conditions de travail au Sénégal étaient meilleures. Après les dures conditions de la sécheresse en Mauritanie, le travail dans cette PMI lui avait apporté une profonde sérénité, comme elle dit « à voir des beaux enfants en bonne santé » ça la soulageait de cette douleur de voir des centaines de touts petits bébés mourir de toxicoses.

En 1979, Mme Castel était rentrée en France pour concrétiser son expérience de responsable de la Santé Publique en préparant le certificat de l’E.N.S.P (Ecole Nationale de la Santé Publique), à Rennes.

Et dès 1981, elle repart pour le Niger cette fois où elle allait exercer pleinement son métier, à Niamé, comme responsable de la Médecine Scolaire (officiellement appelé Hygiène Scolaire) pour tous les établissements du primaire au Lycée, poste qu’elle avait occupé jusqu’en 1986.

Dans tous les postes que Mme Castel avait occupé, elle a toujours travaillé avec du personnel local qu’elle avait formé elle-même, dans la plus part des cas, sur le terrain. L’entente et le respect dans ses équipes de travail étaient non seulement d’excellentes conditions de travail pour elle, mais l’avaient, par chance, accompagnées partout où elle s’était retrouvée. Et à tous ces postes, après son départ elle fut remplacée par des médecins locaux.

Quand les filles de Mme Castel étaient arrivées au collège, elle les avait envoyé en France avec leur tante, elles s’étaient installées d’abord à Sommières puis à Montpellier. Mais elles passaient toutes ensemble plusieurs mois de vacances par an. L’hiver Mme Castel rentrait en France pour deux mois et l’été les filles accompagnées de leur tante partaient pour deux mois de vacances en Afrique.

Elles en ont gardé des souvenirs formidables que Mme Castel nous raconte avec émotion, comme ces balades en brousses pendant ses tournées de travail, quand elles étaient hébergées avec ses filles et sa sœur, sous les tentes. Avec l’accueil chaleureux des habitants du Sahel, qui préparaient pour chaque visite et déplacement, des méchouis que les filles appréciaient tellement qu’elles avaient acquis la technique de détacher les morceaux les plus tendres à travers les filets, comme on apprend aux enfants des nomades de faire.

Non seulement elles ont gardé de très beaux souvenirs de ces moments singuliers, mais aussi des liens d’amitié avec les habitants de ces contrées que Mme Castel visitait. Quand elles accompagnaient leur mère, elles étaient prises en charge par les femmes des communautés locales pendant que leur mère travaillait. Et même en grandissant, en allant passer les vacances d’été avec elle, elles retrouvaient toutes les personnes qu’elles avaient connues quand elles vivaient « là-bas ». Quand elle se déplaçait dans la brousse, elle emportait toujours, en plus de la cantine des médicaments et matériel médical et de stérilisation, une cantine avec tout le nécessaire pour ses filles.

Mme Castel elle-même nous dit que toutes les amies et tous les amis qu’elle avait eu pendant sa carrière africaine étaient parmi le personnel qui travaillait avec elle et ses patients, essentiellement des femmes et des enfants. 27 ans d’amitié, 27 ans de dévouement et 27 ans de connaissance de la médecine de brousse…

Rhita

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Est ce que je peux avoir les dernieres informations relatives a cette merveilleuse femme est elle toujors en vie ?
Mémoires vives
Publicité
Publicité